Climbing trip sous le soleil de minuit

Parmi l’un des premiers à rejoindre le Team Yosemite, le grimpeur et alpiniste Vincent Fournier nous raconte son dernier périple en Norvège, entre fissures, jour continu et pêche en haute mer. Une belle aventure humaine, qui vous donnera à coup sûr envie d’aller découvrir ces terrains sauvages, là où la boussole commence à perdre le Nord…

« C’est dans le Jura que l’idée de ce petit projet dans le Nord est née. Après une super matinée à se fendre la gueule et à se péter les avant-bras sur le magnifique calcaire de la Jacquotterie, on se décide pour la Norvège !

Arrivés à Tromsø, en buvant une bière au soleil à 23h avec un fjord magnifique à nos pieds, le ton est rapidement posé. Beau fixe annoncé pour la semaine à venir, vingt-quatre heures de jour à dispo, les topos de Kvaløya et des Lofoten bourrés de voies prometteuses qui ne demandent qu’à être grimpées : on va pas s’ennuyer ! Après les préparatifs du lendemain, nourriture, voiture, mais surtout équipement de pêche pour moi (Max a pris soin d’emmener ce qu’il faut), on file se faire une petite session au crag du coin. Réglettes dans un super granit, dévers et fissures, il y en a pour les goûts ! On se fait conseiller les petites perles de la falaise par les locaux, Sigur et Rackel, qui sont tout étonnés de voir des Suisses grimper à Kvaløya, car en général tout le monde reste aux Lofoten. Le courant passe super bien, et autour d’une bière ils confirment nos plans des prochains jours : direction Baugen, un mur de 250m de haut, pas un spit, mais avec les plus belles fissures de la région. Et bonus à la clé, il y a même une petite cabane tout confort au pied !

On enchaînera trois jours de bonheur là-haut, à grimper souvent aux lueurs de fin de journée, offrant un peu de fraîcheur et des ambiances uniques. On commence par la grande classique, Flygende Hollender 6a+, dont on se permet de dévier sur la fin pour aller chercher le 6c d’Ikaros, majeure ! On enchaînera par Gemini, Halvamånrisset et Silhuetten, ce qui nous fera comprendre 2 choses : primo, tout est absolument magnifique ici. Secondo, faut vraiment se veiller dans les rappels, parce qu’avec un granit de cette qualité, ça coince partout…. mais finalement, c’est pas si grave, car même la rémontée est splendide !

Après ces belles aventures, on se dit qu’un petit jour de repos ne nous ferait pas de mal, alors on décide de tailler la route, quitte à revenir profiter de ce petit paradis perdu sur le chemin de retour. Dans ce pays, même une journée sur la route n’est pas de tout repos, tellement les paysages sont hors du commun. On a envie de s’arrêter partout, sortir en profiter, prendre des photos, et surtout sortir la canne à pêche. Et une fois encore, la chance nous sourit et les premiers « cod fish » mordent à l’hameçon . Ce cinquième souper dans le Nord sera un régal !

Arrivés aux Lofoten, on se dirige vers Henningsvær et on choisit de commencer par le grand classique du coin, le mur du Presten et ses 300m de granit surplombant une mer translucide. Ici, on s’éclate autant dans la grimpe qu’au relais en regardant les dauphins jouer dans la baie. Pour les jours suivants, on demandera à notre ami Juho de nous orienter. Cet aspirant guide finlandais vivant aux Lofoten, qu’on a rencontré grâce à Instagram, nous fera découvrir des pépites. Le lendemain, c’est à la rencontre de Vårkåt 6c+ qu’on ira, quatre magnifiques longueurs tout en clean alternant fissures et murs à gros prises plus raides, avant de s’attaquer à la fameuse Risset Rider 7a. Après une longueur d’approche assez péchue, c’est une fissure continue de 80m qui nous attend. Commençant avec du petit bleu, progressant jusqu’à une belle section en off width, pour finalement s’arrêter sous des toits qu’il faudra s’avoir contourner intelligemment, la raideur et la beauté de cette ligne ne nous laisseront pas indifférents. L’ambiance de cette voie est extraordinaire, face à la mer, avec les vagues s’abattant sur d’énormes blocs de granit au pied, le vent, le sel, il n’aurait manqué plus que des baleines ! Malheureusement, la sortie de cette voie est un peu moins ludique, 3h30 de retour sur une arête moussue, continuant avec des talus accidentés…. Mais l’endroit n’en reste pas moins féerique. On aura bien pesté contre la végétation norvégienne, le manque de sentier, les 6h30 de marche pour 4h de grimpe, mais le souvenir de cette journée est unique. Surtout qu’elle se terminera à 4h du matin, grâce à une soirée électro organisée par la Fabriken, sans doute le meilleur bar  d’Henningsvær !

Pour les deux jours suivants, on décide de se mettre au style norvégien. Pour commencer, pêche en haute mer par un temps chien, histoire de décuver correctement ! Heureusement pour nous, notre haleine éthylée ne chassera les poissons… Et le lendemain, le temps ne s’étant pas beaucoup amélioré, on décide de tester la grimpe sous la pluie. Comme nous l’avaient promis nos amis norvégiens, le granit mouillé tient parfaitement, mais ils nous avaient tout de même réservé une petite surprise : les torrents coulant dans les fissures remplissent les manches de nos vestes, détail peu agréable auquel on avait pas pensé…

Bon heureusement pour nous, le beau temps est rapidement de retour ! Cela nous permet d’attaquer l’un des derniers gros projets du trip : l’extrême ouest de Lofoten, connu pour être plus sauvage, et plus particulièrement une voie de Tommy Caldwell dans l’Helvetestinden (rien à voir avec nous les Helvètes, le nom traduit littéralement veut dire « Pic de l’Enfer »). La grimpe est encore une foie splendide, mais ce sera surtout la magie du lieu qui restera gravée dans nos esprits. On se dit qu’on est juste trop chanceux de pouvoir passer des heures à contempler le soleil galopant à l’horizon… Arrivés au sommet après quelques centaines de mètres de dalles mouillées, nous retrouvons illico le sourire grâce au soleil de minuit et on attaque la descente sur un super sentier.

On passera le chemin du retour à admirer les paysages en écoutant La Femme qui résonne dans notre petite Suziki, à faire un stop sur une falaise au bord d’un fjord, à accompagner un renne faisant sa promenade du soir au bord de la route, à souper d’un maquereau fraîchement pêché, pour terminer la journée dans un sauna après s’être baigné dans la mer à 12°C. Et surtout, on terminera notre séjour avec cette certitude qui s’est installée rapidement lors de ce trip : on reviendra.

Merci Max pour ces belles aventures !
Takk Norge !

Matériel utilisé :

2 jeux de friends du 0.3-3 + 1x (voir 2) n°4 + 1x n°5
Astuce : tripler les tailles 0.3-0.75 (selon vos préférences)
1 jeu de micro
1 bon jeu de coinceurs (très utile !)
Gants de fissures
Cordes à doubles
Sac de hissage pour les projets plus raide et en fissure large, très utile !
Et surtout :
une canne à pêche et beaucoup de leurres (si tu débutes comme moi…)
Un cache-yeux pour dormir
Pas mal d’heures de sommeil en avance, car ni le temps ni l’envie de dormir avec ces 24h de jours ! »

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